lunionLe quotidien régional L’Union a mis à l’épreuve dans son édition d’hier (voir l’article ici), 5 champagnes vendus moins de 10 €. Une dégustation à l’aveugle menée par quelques membres de la rédaction mais surtout Geoffroy Orban, créateur et directeur de EducaVin, une société qui organise des événements autour de dégustations œnologiques. Geoffroy Orban a également été élu en 2006 Ambassadeur français du Champagne pas un jury composé notamment d’Olivier Poussier (meilleur sommelier du monde 2000) et de Daniel Lorson, directeur de la communication du CIVC.

Un seul critère

Un seul critère pour être retenu pour cette dégustation : le prix. L’Union a donc fait le tour des supermarchés de la région et a acheté 5 bouteilles de Brut. Bien entendu tous les noms des maisons sont totalement inconnus au bataillon (Laurence D, Veuve Durand, Defontaine, Marie de Bissey et Henry de Valbert). Généralement, il s’agit soit de champagne acheté sur lattes par des négociants et revendu rapidement, soit de maisons qui écoulent une partie de leur stock à bas prix pour soulager leur trésorerie sous le nom d’une de leurs sous-marques.

12401-75-mEt comme le résume le quotidien, « hormis un flacon assez médiocre (le Champagne Defontaine), les quatre autres marques sont avérées d’honnêtes péteux. Mais ne nous leurrons pas ! Si l’affaire n’est pas mauvaise, il est évident que ces champagnes n’approchent ni de près, ni de loin des cuvées que peuvent apprécier les vrais amateurs de champagne ».

Une conclusion qui a le mérite d’être claire, et plutôt bien vue. Pour avoir moi-même dégusté des champagnes vendus à ce prix (mais jamais une des marques de ce test), je ne suis jamais tombée sur des champagnes imbuvables. Ce sont souvent des champagnes un peu grossiers, qui contiennent la plupart du temps des tailles (la fin du jus obtenu lors du pressurage des raisins, la partie la moins noble), qui sont souvent un peu fort dosé, pour masquer les imperfections du vin, mais qui se boivent. Ce sont des champagnes qui peuvent accompagner un apéritif et qui offre un rapport prix/plaisir honnête.

Sur le site Plus-de-Bulles, nous avons également un champagne 1er prix, qui certes ne rentre pas dans cette catégorie des champagnes à moins de 10 euros, il est vendu 15,50 euros, mais qui propose un rapport prix/plaisir excellent et qui, contrairement à certaine marque de distributeurs, propose un vrai suivi. Il s’agit de la cuvée Veuve Reuther, quiest devenue au fil du temps une référence pour son rapport qualité/prix. Je connais très bien la maison qui l’élabore, et son sérieux dans l’élaboration et le suivi de la cuvée est incontestable. Un champagne de plaisir, parfait pour accompagner un apéritif lorsque l’on est nombreux (et que le prix commence à compter) ou une fin de soirée et que les palais sont fatigués.

Le point de l’Union sur les prix

L’Union profite aussi de ce sujet pour faire le point sur le prix de la bouteille sur lattes. Comme le précise le quotidien, « il est difficile de parler du vrai prix pour une bouteille de champagne. Car cela dépend de beaucoup de paramètres qui vont du marketing des maisons au prix du kilo de raisins ». Mais L’Union annonce un prix actuel de 6,75 € HT, prix auquel il faut ajouter environ de 80 centimes à 1 € pour finir la bouteille (habillage, dosage…), puis le prix du transport, qui est d’environ 40 centimes par bouteille. On arrive donc à une addition totale de 7,95 à 8,15 € HT par bouteille, ce qui fait un prix TTC d’environ 9,60 €. Difficile dès lors de comprendre comment un champagne peut être vendu 8,99 € la bouteille comme c’est le cas de deux bouteilles dégustées par L’Union (Veuve Durand et Defontaine). Le journal avance une explication, qui est certainement la bonne : les maisons de champagne préfèrent vendre en ne gagnant pas d’argent (voir même en en perdant un peu) plutôt que de s’endetter pour faire face aux échéances, et de leur côté les supermarchés trouvent dans le champagne à moins de 10 € un superbe produit d’appel sur lequel ils ne font pas de marge mais qui attire les clients dans le magasin.

Tout le débat en Champagne, en ce moment, tourne autour de ces bouteilles à bas prix.

Et pour une appellation qui a fait de la création de valeur son cheval de bataille et son axe majeur de développement, la question est de savoir si ces bouteilles sont achetées par des consommateurs qui habituellement ne consomment pas de Champagne et qui profitent de l’aubaine, ou par amateurs de champagne qui sautent sur l’occasion par alléger le ticket de caisse. Personnellement je penche pour la première hypothèse. J’espère ne pas me tromper…