A à peine 30 ans, il fait partie de la jeune génération de vignerons, celle qui ose et entreprend. Et à l’entendre me parler de son métier, je sais déjà qu’Alexandre, pourtant de prime abord réservé, a déjà un bel avenir tout tracé.

L’outsider

 

En souriant, il me dit dénoter un peu dans le milieu de la bulle. « Même si comme beaucoup, j’ai grandi au rythme des vendanges successives, je ne suis pas fils de vigneron au sens littéral du terme. J’ai en fait repris la part de vigne de mère qui était exploitée par mon oncle. Parfois, on me le fait ressentir. Mais peu importe, cela n’entache en rien ma passion du métier ».

Originaire d’Azy sur Marne, Alexandre, qui a toujours adoré être au contact de la nature, a commencé à travailler sa première parcelle en 2010 et cultive depuis 2012 1,10 hectare de vignes, soit 5 parcelles toutes situées à Bonneil.

« Au quotidien, je fais tout tout seul, c’est très formateur, il me faut déployer des trésors d’imagination pour être sur tous les fronts. Pour le moment, je vinifie chez un ami vigneron, le temps pour moi de développer de solides orientations stratégiques à moyen-terme ». Et pour ça, Alexandre peut compter sur son double cursus en commerce et en vins et spiritueux. « La magie a opéré lorsque j’ai effectué mon apprentissage au sein de la Maison de Champagne Olivier Marteaux. Impossible pour moi dès lors de me diriger vers un autre cœur de métier ».

L’Homme doit s’adapter au vin et non l’inverse

Humble, Alexandre admet que chaque vinification est un nouvel apprentissage. Sa première cuvée baptisée « Sous les Trous » est un hommage à la parcelle éponyme qu’il affectionne tant. Plantées sur un sol argilo-calcaire, à mi-coteaux et exposées plein Sud, les vignes de Pinot Meunier de cette parcelle lui permettent de produire les 1697 flacons de sa collection confidentielle.

3 années, 3 personnalités singulières

 

Cette cuvée millésimée, exclusivement composée de cœurs de cuvée (des meilleurs jus) doit avant tout exprimer la typicité de l’année. « Depuis mes débuts, j’ai vinifié 3 années : 2014, 2016 et 2018. Le millésime 2014 me ressemble. Il est discret et intimiste. La vendange nous a offert des Meuniers d’une très belle fraîcheur, je ne souhaitais pas qu’ils s’arrondissent trop vite. Avec un temps de vieillissement de 4 ans, la cuvée a été mise sur le marché l’année dernière. 2016 est un millésime plus ouvert, davantage porté sur le fruit. J’effectue des dégustations tous les 4 mois pour connaître l’évolution du vin. Il est possible que je doive réduire le temps de garde. Verdict l’année prochaine. Quant à 2018, je viens à peine d’effectuer la mise en bouteille mais je perçois déjà que les Meuniers offrent une très belle maturité ».

 

Meuniers intimistes, Artisan d’émotions

 

« L’essentiel pour moi est que celui qui déguste puisse percevoir les émotions de celui qui a créé ce vin. Et je pense que là, on dépasse le registre des fragrances olfactives, on est sur quelque chose de vibratoire, sur une résonnance énergétique, sur le Subtil ».

D’ailleurs, son vignoble est également travaillé dans cet esprit de biodynamie. Zéro herbicide, confusion sexuelle, binage de la vigne. Tout est réalisé dans le plus pur respect de la Nature.

Pour Alexandre, il n’y a pas de bon ou de mauvais Champagne. Le Champagne c’est comme l’Amour, c’est l’union de 2 âmes qui se sont trouvées.

L’Instant Alexandre Grimée

 

« Il n’y a pas vraiment d’instant particulier même si j’affectionne une délicate poêlée de St-Jacques à déguster à deux autour d’un coucher de soleil et de la Cuvée « Sous les Trous » bien entendu. Le secret, c’est avant tout d’avoir l’esprit libre, calme et serein pour accueillir et se laisser surprendre par le vin que l’on déguste ».

 

Désacraliser le Champagne ?

 

Oui, indéniablement ! Le Champagne ne doit pas être uniquement un vin de fête. Mais je reste vigilant car il ne faudrait pas oublier le temps passé à produire ce divin nectar et le savoir-faire d’excellence qu’exige notre métier. Le Champagne est loin d’être un vin banal.