Champagne : Les goûts de mes amis sont-ils les bons ?
Si le vin et le champagne sont des boissons que l’on déguste dans un moment de partage et de détente, il n’en reste pas moins qu’un champagne de partage doit aussi être un champagne de cœur. Si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, doit-on se fier les yeux fermer aux conseils et aux préconisations de l’expert autoproclamé, de celui qui a lu quelques journaux, visité quelques domaines et vidés quelques flûtes ? C’est loin d’être évident et choisir son champagne reste une aventure complexe. D’une part on le sait, on a tous tendance à vouloir convaincre les autres que ce que l’on a aimé est bon, que ce soit un album, un film, un restaurant et bien entendu un vin ou un champagne. Derrière un champagne se cache un terroir, un style et le travaille d’un homme. Une personnalité qui va donc apparaître d’une façon ou d’une autre dans le verre. Et pour qu’une personnalité soit intéressante, il faut qu’elle ait du relief, et donc qu’elle divise.
Plus c’est cher, meilleur c’est !
Une étude publiée en 2008 avait montré que les consommateurs appréciaient d’autant plus un vin que celui-ci était cher. Pour mener cette étude, vingt personnes âgées de 21 à 30 ans ont dégusté 5 vins. Ils devaient noter les vins sur une échelle de 1 à 6. Leur cerveau était observé lors de la dégustation par un appareil à IRM (imagerie par résonance magnétique) qui détectait les zones cérébrales activées. Chacune des cuvées dégustées était identifiée non pas par son nom ou son appellation, mais avec par son prix de vente. Pour mener l’expérience à bien, les chercheurs avaient acheté non pas 5 bouteilles différentes, mais seulement 3. La moins chère était présentée avec son vrai prix (5 $) et une seconde fois avec un prix fictif représentant une augmentation de 800% (45 $). La seconde bouteille valait 35 $, enfin la troisième bouteille était également présentée deux fois. Une fois sous son véritable tarif de 90 $, et une fois au prix de 10 $. Les chercheurs étudièrent ensuite les notes attribuées par les dégustateurs aux vins, et se rendirent compte qu’elles suivaient exactement l’échelle des prix. Le vin à 5 $ était beaucoup plus apprécié des dégustateurs lorsqu’il était censé en valoir 45 $ et à l’inverse le grand vin à 90 $ était jugé médiocre lors qu’il s’affichait sous l’étiquette 10 $. L’étude montra également qu’une zone du cortex orbito-frontal associée au plaisir sensoriel était plus irriguée lorsque le testeur avait le vin à 90 $ en bouche plutôt que lorsqu’il dégustait celui à 10 $, alors qu’il s’agissait… du même vin. D’autres études du même genre ont montré le pouvoir de la conviction, avec des alicaments plus efficaces chez les personnes déjà convaincues de leur efficacité plutôt que chez les personnes sceptiques.
Et maintenant on déguste quoi ?
Si on ne peut pas se fier à sa propre appréciation, biaisées par le prix, la couleur de l’étiquette ou l’avis de son voisin, comment choisir son champagne ? Idéalement il faut goûter plusieurs cuvées au même moment, dans un environnement neutre, et à l’aveugle. Faute de pouvoir réunir ses conditions le mieux est de faire confiance aux guide champagne, mais en choisissant le bon !